Homélie Pentecôte 2002



Sans l'Esprit-Saint, personne n'est capable de dire : « Jésus est le Seigneur » !

Sans l'Esprit-Saint, sans cet Amour, ce souffle d'Amour, personne n'est capable de dire son appartenance au Christ.

Il est plus simple de se dire d'église, de revendiquer une idéologie d'église, en voilant soigneusement l'Église du Christ, en oubliant

précautionneusement l'Evangile.

Il est tout à fait possible d'adhérer à l'église comme on adhérerait à un parti politique. Il y a des lois à respecter, une hiérarchie qui décide pour nous. Nous avons une histoire, comme n'importe quelle nation, avec ses guerres, ses luttes intestines, ses moments de gloire. Nous avons un langage propre, des signes de reconnaissances.

Mais qu'est-ce que cela à avoir avec l'Amour. Quelle place reste-t-il à l'Esprit-Saint?

Nous sommes étouffés par nos rites.

Nous sommes noyés par notre souci d'exister en tant qu'institution. Nous sommes dans la communication, la représentation.

Nous sommes comme ceux que le Christ traitait de sépulcres blanchit : des morts bien présentables.

Des morts au sens de : vide d'amour, vide de ce souffle de l'Esprit.

L'Esprit-Saint nous appelle à vivre de son souffle. Il nous appelle à vivre de l'Evangile du Christ.

Comme la semaine dernière, la Parole nous donne à voire la communauté des premiers chrétiens. C'est une petite communauté humble et vivante. Elle vie de la vie du Christ.

Elle s'est préparé à la venue de l'Esprit, par la prière communautaire, en gardant vivant le souvenir de celui qui les a quitté.

Ce temps de prière, de retraite qu'ils vivent après la mort de Jésus est si intense, que la force de l'Esprit -Saint qui va les emplir bouleversera tout ceux qui les verrons.

Grâce à l'Esprit, alors qu'ils ne sont rien, ils deviennent sans l'avoir calculé, sans avoir recours à quelques artifices de communication que ce soit, les premiers hommes de l'après Babel.

Chacun les entend dans sa langue parce que c'est l'Esprit qui parle. Parce qu'ils sont, eux disciples du Christ, les médias, au sens noble du terme, de l'Amour absolu de Dieu pour l'humanité.

Pas de calcul institutionnel, pas de propagande idéologique. Ils débordent de l'Esprit, ils portent aux hommes qui les entoure le seul message qui est du sens, celui de l'Évangile : le Christ est ressuscité!

Ensuite viendra le temps de la réflexion, Paul entre dans un discours catéchétique. L'Esprit n'est pas moins présent qu'au jour de la Pentecôte, mais le monde est le monde, Paul tente d'expliquer aux gens qu'il rencontre que nous sommes tous différents et que c'est cette différence qui fait de nous chrétiens un corps, une Église.

Il parle des juifs et des païens, des hommes et des femmes, des esclaves et des hommes libres qui par le baptêmes ne forment qu'un seul corps. Mais si par le baptême de l'Esprit il y a unité, tout ces gens différents il a fallu à un moment les rencontrer, au coeur même de leur différences, il a fallu les rejoindre et vivre suffisamment avec eux pour que le témoignage des disciples du Christ devienne pour eux aussi parole vivante.

Paul, heureusement, n'était pas entouré de conseillé en communication, de ceux qui ont peur de froisser le client, de ceux qui craignent de ne pas vendre leurs marchandises, politique, religieuse, idéologique ou toutes autres camelotes ayant besoin de pub (voyage du pape en France : les publicistes qui trouve qu'il faut utiliser l'Évangile).

Paul coud des tentes, il vit de son travaille au milieu de ceux qu'il fréquente. Il n'est que Paul, comme Pierre n'est que Pierre. C'est par leur témoignage, sans doute imparfait, heureusement humain, mais un témoignage empli de l'Esprit, que chacun de ceux qu'ils rencontrerons, à leur tour, feront l'expérience de l'Amour du Christ.

L'Église ne se vend pas comme un yaourt, elle ne s'impose pas comme une idéologie, elle n'est pas l'aboutissement d'une politique bien menée...

L'Église doit être le fruit de l'Amour entre Dieu et le Christ pour l'humanité, elle doit être le fruit de l'Esprit-Saint. Elle, et nous avec elle, devrions être uniquement, porteur de l'Évangile du Christ, de la Bonne Nouvelle.

Nous devons accepter sans concession la fragilité même de l'Amour, cette fragilité qui nous garde dépendant de Dieu, dépendant les uns des autres. Il nous faut être à l'image du Christ, fragile jusqu'à la mort :

parce que aimer rend fragile,

aimer rend vulnérable,

aimer suppose la confiance,

aimer c'est accepter de tout perdre afin de mieux donner.

L'Esprit-Saint ne nous donnera jamais la force des conquêtes glorieuses, de la croisade, si c'était cela la nouvelle évangélisation, alors de bons publicistes, de bons satellites et une télé à paillettes suffiraient amplement.

Non, l'Esprit nous donne uniquement la force d'être fragile, afin de nous en remettre, enfin, totalement au Christ.

Il nous donne la force d'être Fragile, quand le Christ nous envoie porter la Bonne Nouvelle à tous les hommes.

Il nous donne la force d'être Fragile encore et surtout lorsqu'il nous donne son Esprit et nous confie la responsabilité du pardon.


Lui qui s'est donné, vulnérable jusqu'à en mourir.

Lui qui s'en remet à nous pour être porteurs de son Amour.

Il se confie à nous, malgré notre orgueil, malgré notre arrogance, malgré le fait que nous soyons plus souvent sur de notre bon droit, que prêts à l'humilité et au risque de la croix.

La Pentecôte n'est pas un acquis. Nous sommes sans cesse appelé à accueillir l'Esprit, à nous préparé à sa venu.

Et si, bien souvent, pour paraphraser Jacques, notre coeur nous condamne, si nous condamnons parfois trop facilement nos semblables, L'Esprit de Dieu, lui, est plus grand que nos coeurs.