Homélie du dimanche 7 Décembre 2008

2ème dimanche de l'avant



Lecture du prophète Isaïe. 40. 1 à 11 : « Élève ta voix avec force, toi qui portes la Bonne Nouvelle. »
Psaume 84 : « J'écoute ce que dira le Seigneur. »
Lettre de saint Pierre, apôtre. 1 P. 3. 8 à 14 :« Le Seigneur n'est pas en retard pour tenir sa promesse. »
Évangile selon saint Marc. 1. 1 à 8 : « Jésus-Christ, le Fils de Dieu. »



Dans « Prions en Église », pour ce dimanche, il est écrit ceci :

Voici notre Dieu ! Les premiers signes de sa venue fleurissent autour de nous ! Ouvrons les yeux : Miséricorde, Justice, paix : Les pauvres ne seront plus seuls, ceux qui pleurent se réjouiront...


Comme j'aimerais ouvrir les yeux et voir tout cela s'accomplir …

Mais j'ai beau les écarquiller, scruter le monde qui m'entoure avec attention, je ne vois rien de tout cela... Je ne vois rien qui s'appelle Miséricorde, justice ou paix ! Les pauvres sont seuls, pleurent et meurt dans la rue...


Mais ce sont sans doute mes yeux qui voient mal ou mon cœur qui ne sait plus discerner au milieu du brouillard cette toute petite lumière d'espérance qu'est Noël... Il me faut chercher dans ce qu'il y a de plus petit, de plus insignifiant, il me faut forcer mon espérance, fouiller encore et toujours le cœur de l'homme pour y trouver cette lueur d'amour qui nous fera vivre.


Écoute, écoute, surtout ne fait pas de bruit, on marche dans la nuit, et dans cette nuit, il y a des voix qui cries dans le désert, celles de tous les Jean-Baptiste qui annoncent la venue de celui qui nous aimes.


Et ce sont toutes ces voix qui cries dans le désert depuis l'aube des temps qui annonce le commencement !


Commencement de la Bonne Nouvelle de Jésus Christ!

On pourrait penser que Jésus fait sa Pub, il prépare sa venue, comme on préparerait aujourd'hui la venue d'un nouveau produit sur le marché, ou mieux, d'une nouvelle star du showbiz...

Mais alors quel piètre publicitaire...

Pas de héraut clinquant dans les rues animées des grandes villes, pas de notables invités à des festivités brillantes et ruineuses, rien de tout cela, sauf ce Jean-Baptiste sale et hirsute, mal nourri, la voix rauque, usée par la chaleur du désert, qui crie dans cette solitude aride.

Pourtant ils viennent tous pour se faire baptiser par lui, par ce porte voix dépenaillé. Il n'offre rien qu'un baptême d'eau pour le pardon des péchés. Il prépare le chemin de celui qui vient baptiser dans l'Esprit...


Commencement de la Bonne Nouvelle de Jésus Christ !

Ouvrons les yeux, miséricorde, justice et paix...

Ça c'est le slogan, le message, l'attente. Titre accrocheur, bien tourné, qui laisse augurer des lendemains qui chantent...

Mais pour l'instant, j'ai plutôt l'impression d'ouvrir un superbe paquet qui dévoilerait à l'ouverture un minable gadget de pacotille... Vous savez comme dans les foire d'antan, quand le crieur attirait le chaland en lui promettant qu'il allait voir les merveilles de l'orient ou la femme crocodile ou une sirène vivante, ce qui se cachait derrière le rideau brodé ressemblait plus à la misère qu'aux mystères orientaux...

Et depuis tout ce temps, nous nous contenterions d'un paquet vide, nous accepterions une arnaque de foire ?


Commencement de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ !

Les pauvres ne seront plus seuls, ceux qui pleurent se réjouiront...

Tiens, c'est écrit au conditionnel... est-ce que par hasard, on ne serait pas en train de m'impliquer dans cette histoire ?


Comment les pauvres pourraient ne pas être seuls, comment ceux qui pleurent pourraient bien se réjouir ? Que puis-je y faire ? Qui suis-je donc pour avoir la moindre petite influence sur ces malheurs qui ruinent notre monde ?

Et Jean le Baptiste qui crie dans le désert qui était-il ? Que faisait-il de si merveilleux pour que tous viennent le rejoindre pour se faire baptiser ?

Combien l'attente de ces gens devait-être grande pour qu'ils viennent tous à la rencontre de ce prophète.

Combien est grande l'attente des hommes aujourd'hui et qu'avons-nous donc à leur annoncer ?

Est-ce que j'ose, à temps et contre temps, crier le commencement de la Bonne Nouvelle de Jésus Christ ? Est-ce que je prépare, comme Jean le Baptiste les chemins du Seigneur, est-ce que, la main tendue, j'annonce la Bonne Nouvelle au Pauvres, aux malheureux …

Notre monde recommence sans cesse, nous croyons avancer, mais nous sommes un éternel recommencement.

Période d'exode : Le peuple de Dieu quitte l'Égypte, il va de l'avant, craintif ou fougueux, hésitant, jetant de temps à autres un regard en arrière, mais il va de l'avant, découvrant tout au long du chemin les biens fait de son Dieu, écrivant chaque jour un peu plus l'histoire de sa foi.

Période d'exil : Le temple n'est plus, le peuple est prisonniers dans un pays hostile, Dieu se tait... Les aurait-il abandonné. Période de larme, de peur, de déchirement et au milieu de ce malheur, nait la certitude que Dieu est partout ou est son peuple. Le peuple est le temple... Alors que tout semble perdu, le peuple de Dieu intériorise sa foi, il la rend plus forte et affirme sa fidélité au Dieu d'Abraham.


J'ouvre une nouvelle fois les yeux et je contemple le monde qui m'entoure... Cela ressemble à la misère de l'exil...

Comment vais-je donc trouver la miséricorde, la justice et la paix, si je ne la dépose pas moi-même aux pieds des hommes ?

Le désespoir serait la pire des choses : il entraine un replis sur soi, il nous rend amer et égoïste.


Je regardes, chaque geste d'amour, chaque mot d'amour, chaque mains tendues, chaque morceaux de pain partagés est le commencement de la Bonne Nouvelle de Jésus Christ.

Prenons la peine en ce temps de l'avant de renouveler notre regard. Faisons en sorte qu'amour et vérité se rencontrent, que justice et paix s'embrassent, alors la vérité germera, le Seigneur donnera ses bienfait et la terre donnera son fruit...