Dimanche 1er Mars 2009

1er Dimanche de carême



Genèse. 9. 8 à 15 : Je me souviendrai de l'alliance qu'il y a entre vous et moi et entre tous les êtres.

Psaume 24. « Il enseigne aux humbles son chemin. »

1 Pierre 3 18 à 22 : « Demander à Dieu une conscience purifiée... il nous sauve grâce à la résurrection de Jésus-Christ. »

Marc. 1. 12 à 15 : « Dans le désert, il resta quarante jours, tenté par Satan. »




- Parce que nous ne sommes pas blessés, nous ne sommes pas vulnérables. Parce que nous ne manquons de rien, on ne nous apporte rien. Parce que nous ne manquons de rien, on ne nous apporte pas ce qui est tout. La charité même de Dieu ne panse point celui qui n'a pas de plaies.


C'est parce qu'un homme était par terre que le Samaritain le ramassa.


C'est parce que la face de Jésus était sale que Véronique l'essuya d'un mouchoir. Or celui qui n'est pas tombé ne sera jamais ramassé; et celui qui n'est pas sale ne sera pas essuyé." - (Charles Péguy)


Il est temps pour nous de nous reconnaître blessé, il est temps pour nous de nous savoir à terre.

Les enfants se savent enfants. Ils savent bien qu'ils ont besoin des adultes pour vivre. Ils font confiance, ils espèrent. Puis vient le temps où ils pensent être fort, où ils pensent arriver à marcher tout seuls sur la route de la vie. Parfois même la révolte n'est pas loin, le ras le bol, le rejet, la rupture. Et ils faudra à certain des années pour enfin se reconnaître fragile. Paul nous rappelle que c'est lorsque nous sommes fragile que nous sommes fort, parce qu'alors nous acceptons de tendre la main pour être enfin relevé.


Six semaines, c'est le temps qui nous sépare de Pâques. C'est le temps que nous avons pour qu'une nouvelle fois nous nous posions la question de notre relation à Dieu, au Christ, c'est le temps que nous avons pour nous poser la question de notre baptême.


Lorsque j'ai réalisé que le carême durait six semaines, je n'ai pas pu m'empêcher de faire un lien avec mon travail. Certains d'entre vous savent que, avec Christiane mon épouse, nous accueillons des enfants [site du Passage ]. Pour la plus part d'entre eux, ils viennent pour deux ans. Mais nous avons un accueil que nous appelons « l'accueil relais » et qui dure … Six semaines.


Je n'avais jamais réalisé à quel point cet accueil s'apparente à ce temps de carême.

Nous accueillons des enfants en période de crise, ils viennent de vivre un déluge de difficulté, leur monde s'effondre, les adultes qui les entoure commence à baisser les bras, leur vie ne tient plus à rien, et pour la plus part, ils sont incapable de reconnaître qu'ils vont mal.

Pour que l'accueil se fasse, nous leurs demandons d'accepter d'être accueilli, pas une acceptation poussé par l'entourage, par les éducateurs, la famille, le juge, mais une acceptations qui viennent d'eux. Il est arrivé qu'un jeune accepte poussé par l'entourage, l'accueil à duré deux jours. Cet accueil pourrait ressembler à un échec, mais dans la réalité, ce jeune à pu constater que sa parole avait du sens, et que la notre aussi. Un temps de remise en question ne peut pas se faire pour répondre à la pression sociale...

Pendant cet accueil, nous essayons de faire vivre une progression, un changement au jeune accueilli, mais aussi à ceux qui l'entoure. Il n'est pas seul porteur de son malêtre.

Nous lui demandons de changer de façon de vivre : pas de portable, pas de lien avec son milieu habituel pendant les première semaines. Nous ne proposons aucune activité pour remplir les journées, en dehors des activités du quotidien. Il est en « vacances », c'est à dire que nous le confrontons à sa souffrance intérieur, sans qu'il puisse la cacher sous un déluge d'activités, de loisirs.

Nous prenons aussi des temps réguliers pour échanger avec lui sur ce qui faisait sa vie avant cet accueil, nous lui demandons de relire ce qui se passe pendant cet accueil...

Chaque jeune accueilli réagit différemment, pour certain il vont vivre ce temps dans une paix profonde, d'autre vivrons ces moments comme terriblement douloureux, d'autres encore passeront à travers, échappant à toute remise en question...

Et puis il y aura le jour, si vite là, où il rentrera chez lui, il quittera Le Passage, où il achèvera son « passage ».

La vie reprendra, mais pas là où il l'avait laissé, quelque chose de nouveau vivra en lui.

Bien sûr la vie reprendra le dessus, bien sûr parfois la crise, comme un déluge reviendra, mais ils auront fait l'expérience de l'espérance. Ils savent enfin, qu'autre chose peut être vécu.

Certain de ces jeunes ont 16 où 17 ans, mais d'autre n'ont que 7 ou 10 ans...

Ils se savent blessé, mais on du mal à le regarder en face, de peur que la souffrance ne se fasse plus grande encore, mais ceux qui accepte de ce confronter à leur misère, ont plus de chance d'accepter de vivre, simplement vivre de la vie que donne l'espérance.

Ces enfants ne sont pas de « bon chrétien », ni même de « bon croyant ». Ils sont des vivants, enfants de Dieu sans le savoir. Ils vivent un temps de désert, sans le savoir.


Est-il vraiment besoin que je fasse le parallèle avec le carême que nous allons vivre ?


Nous aussi sommes invités à faire un retour sur nous même, nous aussi sommes invités, si nous le voulons, pas sous la pression de l'entourage, pas sous la pression de notre bonne conscience, à être accueilli par le Christ. Nous sommes libre de vivre ou non ce moment privilégié qui nous sert de relais vers Pâques.

Débarrassons-nous de tout ce qui nous entrave, acceptons de faire le silence, autour de nous et en nous. Prenons du temps pour faire le point, sur notre vie avant cette traversé du désert, prenons soins de voire ce que nous vivons pendant cette traversé.

Arrêtons-nous en route pour admirer et aimer ce qui nous entours. Laissons-nous prier par Dieu.

Aujourd'hui encore nous avons besoin d'être sauvé, à cause de la violence qui est en nous. À quoi servirait que Dieu une fois encore pour supprimer le mal supprime l'homme ? Nous pouvons, si nous le désirons vraiment faire advenir le royaume... En provoquant un déluge de Paix et d'Amour autour de nous, la où nous vivons, à partir de nos actes quotidiens les plus humble, les plus insignifiant... Notre carême ne peut être « religieux » s'il n'est pas d'abord humain.

Quand dans six semaines, nous arriverons à Pâques, notre vie reprendra, nous retournerons chargé d'espérance, annoncer aux Hommes et aux Femmes la bonne Nouvelle du Christ ressuscité... Nous tomberons de nouveau, nous ressentirons nos blessures, mais nous aurons appris, peut-être : « Que c'est parce qu'un homme était par terre que le Samaritain le ramassa. »