Homélie du 2ème dimanche de Carême




Lecture du livre de la Genèse : 5. 12 à 18 : "Le Seigneur parlait à Abraham dans une vision."
Psaume 26 : "C'est ta face, Seigneur que je cherche."
Lettre de saint Paul aux Philippiens : 3. 17 à 4. 1 : "Nous sommes citoyens des cieux... nous attendons comme sauveur le Seigneur Jésus-Christ."
Évangile selon saint Luc : 9. 28 à 36 : "Son visage apparut tout autre, ses vêtements devinrent d'une blancheur éclatante."



Les yeux levés vers le ciel, je compte les étoiles... Une centaines à peine. Le halo orangé de la lumière de la ville mange le ciel. Des milliers de watts à la gloire de l'homme moderne, qui entre nous sois dit à peur du noir...

Nous avons commencé par éclairer les rues sombres de nos cités parce que nous avions peur de nos semblables. Avec le progrès, nous avons découvert la fée électricité. La lumière artificielle à remplacé petit à petit la lueur douce de la lune et des étoiles. Un réverbère tout les 3 ou 4 mètres. Quand chaque mètre carré de trottoir fut bien illuminé, une idée de génie germa dans le cerveau d'un élu parmi d'autre : « je vais éclairer les monuments de ma ville, juste au cas ou »... Aujourd'hui, mêmes les arbres sont illuminé au risque de tuer les oiseaux qui y nichent. Les églises sont éclairés parfois de couleurs surprenante, les pans de collines sont éclaboussées de lumières, le moindre petit bout de ruines dégouline de watts. Tout cela à la gloire des hommes, projecteurs braqué sur notre vanité, sur notre vacuité. Pour la plus part nous nous réjouissons de cette débauche de néons. Les étoiles ont disparu, qu'importe, la pas de ma porte est bien visible.


Le Seigneur et ma lumière et mon salut ? À moins que ce ne soit EDF.

En qui vais-je mettre mon espoir ? Vers qui me tournerai-je ? Qui sera mon rempart, mon salut ?


Il est temps de nous questionner sérieusement sur ce que nous attendons, sur ce que nous espérons. Ce temps de carême nous y invite.

Il n'y a malheureusement pas de métaphore lorsque je parle des lumières de nos villes. C'est une réalité brutale qui nous aveugle et nous empêche de prendre part à la transfiguration.

Notre monde est boursouflé, obèse. Nous construisons notre opulence sur des monceaux de déchets.

Nous jouons à un jeux pervers, oserais-je dire diabolique, où la consommation est un jeux de dupe. Si nous ne consommons pas, les usines fermeront, des gens seront au chômage, et la misère s'étendra encore plus... Alors soyons de bon chrétien, évitons la misère à nos frères et consommons. Jusqu'à être nous même consumés par ce feu dévorant du toujours plus.

Vous n'avez pas l'impression d'être pris au piège ?

« Beaucoup de gens vivent en ennemis de la croix du Christ » Paul pourrait aujourd'hui nous renvoyer cette terrible affirmation. La croix nous terrifie, elle nous angoisse, peut-être parce que nous avons oublié qu'elle est le chemin de la résurrection.

Les gens de bien ricanent lorsque certain parle de décroissance. On préfère et de loin s'apitoyer sur la terre vu du ciel sans réfléchir à ce que cela coûte... On préfère écouter les discours enflammés de cet écologiste hypocrite grassement rémunéré par un gros fournisseur d'énergie. Mais c'est vrai que nous devons être raisonnable, il y a la réalité économique, tellement plus importante que la réalité humaine.

Nous avons peur de manquer parce que nous ne manquons de rien, il n'y a qu'à voir la ruée vers le pompes à essence qui a eu lieu il y a quelques jours, et si ma voiture venait à manquer d'essence ? Vous parlez d'un drame... Alors que certain n'ont rien à mettre dans leur assiette.

Et si nous profitions de ce temps qui nous prépare à Pâques, pour accepter de regarder au fond de nous cette « part obscure » de nous même qui pousse à la peur. Prendre le temps de nous reconnaître pécheur... Accepter de reconnaître que nous qui croyons être à l'abri du besoin, nous manquons du principale, c'est à dire Dieu.

Si nous voulons participer à la résurrection, nous ne devons pas tourner le dos à la croix, si nous voulons de nouveau voir les étoiles dans le ciel, nous ne devons plus avoir peur du noir. Être invité à contempler la transfiguration c'est accepter d'entendre le Christ nous parler de sa propre mort, de notre propre mort...

Il n'y a pas d'Amour sans don, il n'y a pas de don possible si nous avons peur de manquer. Réveillons-nous, ouvrons les yeux, acceptons de reconnaître les mensonges de notre civilisation, acceptons de reconnaître nos propres mensonges.

Dieu nous invites à lever les yeux pour voir plus loin que notre horizon humain. Il nous invite à nous plonger dans l'infini de sa création et nous dis que si nous osons y plonger notre regard, alors nous participerons à cette débauche d'Amour.

Paul nous convie à être citoyen des cieux, à ne plus mettre notre gloire dans ce qui fait notre honte. Si nous avons ce courage nous participerons à la Gloire du Christ.

Jésus nous proposes de le suivre sur la montagne, pour avec lui être plongé dans le mystère de sa transfiguration. Il nous donnes cette chance pour que nous ne soyons pas effrayé par la croix.

Pendant ce carême baissons les lumières, toutes ces lumières agressives qui nous masquent le ciel. Une lumière bien plus brillante viendra éclairer nos pas, une lumière qui irradie de la croix, du partage, de la paix, de l'amour, du regard de celui que j'avais oublié.

Plus nous baisserons les lumières de l'envie, plus notre cœur verra loin. Le carême est fait pour ça : oublier nos envies d'avoir pour retrouver la joie du désir d'amour.

La croix nous invites à nous démunir de tout. Elle nous invite à la décroissance de nos egos, à la décroissance de nos richesses. Elle nous y invite en premier lieu dans la réalité de notre quotidien, dans le concret de notre vie. Après seulement, nous serons invité, comme le fût Abraham, à élargir notre regard jusqu'au ciel, et Dieu nous dira:

« Regarde le ciel, et compte les étoiles, si tu le peux... » Et il déclarera : « Vois quelle descendance tu auras ! »