Homélie : Dimanche 7 janvier 2007

Épiphanie



[Is 60, 1-6] ; [Ps 61] ; [Ep 3, 2-3a . 5-6] ; [Mt 2, 1-12]




Une nouvelle fois, je vais faire référence à Teilhard de Chardin.

Lorsqu'il était professeur au Caire, il avait pour habitude d'inviter ses étudiants à faire l'ascension de la grande pyramide de Khéops.

Il proposait à ceux-ci de choisir l'une des quatre faces de la pyramide, et de faire l'ascension afin de se retrouver au sommet. Une fois arrivé, il les incitait à admirer le paysage, puis il leur demandait par quelle face chacun d'eux étaient arrivés. La réponse se faisait attendre, et la plus part des étudiants étaient dans l'incapacité de répondre à cette question pourtant simple en apparence.

L'escalade de Khéops est, paraît-il, un véritable calvaire, et une fois en haut, la satisfaction de l'exploit réussi, la fatigue, la beauté fabuleuse du site font que plus personne ne sait par où il est venu. La leçon qu'en tirait Teilhard, était la suivante : quelque soit le chemin choisi, tous convergent au sommet et il en va de même pour la rencontre avec Dieu. Choisir sa voix, et la parcourir jusqu'au bout avec persévérance.

Il me semble que l'évangile d'aujourd'hui nous dit cela, ainsi que la lettre aux Ephésiens.

De ces mages, parti d'Orient, nous ne savons rien, ou pas grand chose, ont-ils seulement existé ?

Qu'importe, cet Évangile nous parle une fois de plus de rencontres, et pas des moindre. Des mages, des Rois, imprégnés de leur propre culture, de leur propre religions, utilisent les « outils » qui sont les leurs pour partir à la rencontre de Dieu...

Ils partent, sans doute chacun issu de régions différentes pour suivre une étoile, ils sont astrologue et lisent dans la configuration du ciel les messages divin. Ils ont sans doute leur propre cosmogonie, leur propre genèse. Ils adorent peut-être Mardouk, où les dieux de Babylone, cela n'a pas vraiment d'importance d'ailleurs. En tout cas ils ne sont pas juif. Ils pratiquent la magie, ils lisent dans les étoiles, prédisent l'avenir, bref tout ce qui est condamné par l'église, tout ce qui est rejeté violemment par la bible. Et pourtant...

Parce qu'ils croient fermement dans leurs dieux, parce qu'ils vont au bout de leur propre chemin, sans douter, confiant dans les signes qui leurs sont donnés, ils arrivent, au fait de leur voyage, devant Jésus.

Ils arrivent dans une maison simple, la maison d'un artisan. Pas de faste, par de grands prêtres, pas de protocoles compliqués. Ils sont accueillis comme les bergers l'ont été.

Sans doute, Joseph, soucieux du bien être de ses invités et respectueux des rites leur lave-t-il les pieds. Sans doute, les invite-t-il à se restaurer. Il ne leur demande pas de se convertir, il ne leur demande rien, sinon d'être chez lui comme chez eux.

Et eux, s'inclinent devant le petit enfant qui vient de naître. Un enfant tout ce qu'il y a de plus banal en apparence... Ils font confiance à leurs dieux, leur foi est forte, suffisamment pour qu'ils se laissent toucher, pour qu'ils se laissent bousculer par cet enfant roi.

Ils reconnaissent sa royauté en offrant l'or.

Ils reconnaissent sa divinité en brûlant l'encens.

Ils acceptent son statut de messie en déposant la myrrhe à ses pieds.

Ils ont accompli leur chemin sans crainte, ils sont venus d'horizons différents et ont rencontré Dieu. Ce chemin qu'ils ont parcouru n'est pas celui des bergers, il n'est pas celui de Marie ou de Joseph, il n'est pas celui des pharisiens, des romains ou des Ephésiens, il n'est pas le chemin sur lequel Paul fut frappé, et pourtant, ils sont arrivé jusqu'à Dieu, peut-être plus sûrement que nous qui sommes parfois dans le doute, qui sommes parfois aveuglé par nos certitudes, et qui, persuadés d'avoir trouvé le Christ construisons nos temples de pierres au beau milieu du chemin, sans penser qu'ils nous faudrait encore et toujours marcher...

Je parlais des rencontres faites par les mages, la première rencontre qu'ils ont faite est celle d'Hérode...

Nous rencontrons souvent des « Hérodes » sur notre route, nous laissant bercé par leurs discours lénifiants, ils nous certifient qu'eux aussi adore Dieu... Ils nous bercent de belles paroles, nous pouvons parfois nous laisser envoûter par leur assurance. Ces Hérodes modernes, comme Hérodes le grands connaissent les écritures, ils savent, mais le goût du pouvoir les poussent à utiliser ce qu'ils savent pour faire le mal, pour asseoir leur propre pouvoir, pour renforcer leur prestige. Je vous laisse imaginer qui peuvent être aujourd'hui ces hommes là... Une fois de plus les mages se laisse guider par leur foi, il nous est dit qu'en songe un ange les dissuade de retourner vers Hérode, et ils obéissent, sans hésiter.

Et vous avez entendu ce que nous dit l'Évangile ? Ils rentrent par un autre chemin... Ils repartent transformé par la rencontre qu'ils ont faîte. Ils ne sont plus les mêmes avant et après. Ils ne se sont pas arrêtés à Bethléem, comme les disciples ne se sont pas arrêtés dans l'auberge sur le chemin d'Emmaüs.

La rencontre avec le Christ doit être un moteur puissant pour nous lancer sur les routes... Certains « Hérodes » disent qu'ils faut s'arrêter, revenir en arrière. Lui, le Christ nous dit d'avancer, sans cesse sur des chemins inconnus et nouveau, sur les chemins de la découverte sans cesse renouvelé de l'Amour divin.

N'hésitons pas à nous laisser guider par notre foi, étoile du matin, soyons confiant, croyons en l'Amour. Au bout de ce chemin, quelque soit le paysage qui le bordera nous risquons fort de rencontrer le Christ.


Amen